A l’attention des gérants de l’aéroport de Pierre-Elliot-Trudeau à Montréal et de celui de Paris – Charles De Gaulle à Paris:
J’ai fait une escale à l’aéroport Charles De Gaulle à Paris, sur mon trajet de retour du Liban au Canada.
Sortant de l’avion qui me ramenait du liban et traversant la sécurité, je me suis dis que l’agent française sera peut-être plus fine que celle qui m’a fouillé en partant de Montréal une semaine auparavant. Les français sont quand même connus pr leur raffinement et leur savoir-vivre, right? Pas nécessairement; Ce fut avec agressivité et absence totale de respect pr l’autre que la montréalaise ET la française me touchèrent le corps de bas en haut; elles m’ont ORDONNÉ de me tenir bien droite avec les jambes écartées et les bras en croix (quelle ironie!) et sont parties à toucher chaque millimètre de mon corps, en prenant soin de tirer sur mon soutien-gorge, de soulever mes dessous, de passer leurs mains entre mes hanches jusqu’à me soulever la plante de mes pieds. Croyez-vous que c’était derrière un rideau? Non. Ou à l’écart? Non plus. L’intrusion a eu lieu à côté de la machine x-ray des valises à main, dans laquelle j’ai voulu disparaître à cet instant.
Pour des fractions de secondes, le samedi 1 avril et le dimanche 9 avril, j’ai préféré être une valise Samsonite et rentrer me cacher dans la machine x-ray, une valise au moins est traitée à sa juste valeur, un récipient qui transporte des objets, des habits, des histoires et des souvenirs (la mienne contenait aussi une quantité astronomique de nourriture que ma mère avait si soigneusement préparé durant mon séjour au liban ?,
Puis je me suis rappelée ce que Jorj mon conjoint m’avait dit avant de partir: Janine, si tu prends la décision de ne pas répliquer, mets ton imperméable, les critiques et les agressions qui viendront te chercher, dans ce liban que tu aimes tant mais qui ne t’aime plus en retour, et partout ailleurs, glisseront comme la pluie sur ton imperméable, et n’atteindront jamais ton humanité.
Alors quand les 2 fractions de secondes où j’ai voulu être une valise Samsonite ont passé, j’ai mis mon imperméable, et vos mains cherchant le Mal, mes belles dames de la Sécurité, n’ont pas eu accès à ma dignité de femme; vous m’avez fouillé comme une criminelle, à 2 reprises, et dans 2 pays différents; est-ce mes cheveux noirs bouclés en feu qui vous ont menacés? Mes yeux noirs? Mon look ARABE, ce mot terrorisant qui fait peur à toute la planète depuis un certain temps? Faites-vous ca au nom de la liberté et de la sécurité ou sous l’emprise de la peur? Cherchez-vous à sauver des vies ou cherchez-vous par vos gestes dénudés d’humanité à vouloir venger tous les morts des explosions terroristes qui se sont produites jusque-là?
J’ai mis mon imperméable qui a protégé mon âme pure de votre aggression, mes cheveux noirs bouclés en feu seront toujours le signe de ma beauté arabe, mes yeux noirs si profonds parleront toujours le langage du Bien et de l’Humain, en tout temps et en tout lieu. J’espère de tout mon coeur que vous pourriez vous libérer de cette peur si paralysante qui vous oblige à nous traiter de la sorte.
C’est le métal de mon soutien-gorge qui avait sonné dans votre machine, et si j’ai à vous suggérer une solution, autant les interdire et nous obliger à voyager nues, ca fera le bonheur de tout le monde!