Je suis sortie du train ce matin, en route vers le bureau. J’entends un homme dire à un autre: “regardes-les tous, comme des khawarifs…tous pareils…”. Je vous épargne la suite de la discussion, mais Khawarifs veut dire “moutons” en arabe pour ceux qui ne le savent pas;
J’aurais un message à faire parvenir, amicalement, à ce monsieur:
En ce beau matin d’automne, je vois que tu marches à leur côté, monsieur, à ces moutons, tu es probablement le voisin d’un d’eux aussi, tu as sûrement attendu à la même gare, pris le même train, tu es probablement le collègue d’un d’eux…
Ces moutons, monsieur, sont des pères et des mères qui cherchent à s’occuper de leur famille; ces moutons sont des hommes et des femmes, qui se cherchent et cherchent par l’occasion même, à réaliser des rêves, atteindre des objectifs, surmonter des difficultés. Ces moutons, monsieur, sont des humains qui ont des angoisses et des peurs, ils aiment, ils pleurent, ils rient, ils échangent, ils dansent, ils vivent.
Ce qui nous rassemble, monsieur, en troupeau de khawarif, tel que tu l’insinues, c’est notre humanité; et ce qui nous différencie, monsieur, EST ce qui fait notre richesse, et la beauté du peuple de ce pays, que tu juges si “bêtement”.
Si ce troupeau t’es si répugnant, tu peux partir, tu n’es pas un arbre enraciné ici, et peut être que tu ne cherches pas vraiment à y prendre racine.
Être un “mouton”, monsieur, c’est répéter une phrase qu’on a écoutée quelque part, sans la remettre en question; ca te rappelle quelqu’un, monsieur?